Le premier prieuré clunisien



Né vers 1040, Guy de Faucigny évêque de Genève, fils de Louis et de Tetberge - dont le château familial sur un rocher surplombait la vallée de l'Arve - implanta les moines clunisiens dans notre région.
Les Bénédictins s'étaient divisés en moines Clunisiens et Cisterciens et s'établirent à Cluny vers 910.
En l'an 1083, après avoir convoqué ses frères les barons Guillaume et Amédée de Faucigny, l'Evêque de Genève Guy partit pour l'Abbaye de Cluny accompagné de Wida de Nangy, d'Amé, de Bernard de Thoire et d'Albert son chapelain.
En pleine salle capitulaire, il prononça solennellement l'acte de donation de Contamine. Extraits :


"… Je donne, mes frères y consentant, pour le bien de leur âme et de la mienne et pour le soulagement de notre aïeul Emerard, de notre père Louis, de nos oncles Guy, Gisebert, Otton, Vilence et autres aïeux ou successeurs, à Dieu, à ses apôtres Pierre et Paul, à l'Abbé Hugues et à son pieux couvent : l'église de Sainte Marie, sise en une localité dite Contamine, au bord de la rivière Arve, avec tous ses biens y annexés, c'est-à-dire les serfs des deux sexes, les chapelles et églises, les vignes, champs, prés, bois, eaux, ruisseaux, moulins, passages, terrains cultivés ou en friches, le tout en son intégrité, de telle sorte que dorénavant tous ces biens soient propriété de Cluny…"
Les premiers moines qui arrivèrent sur place ne trouvèrent donc pas un lieu sauvage et inculte, mais un pays cultivé, où de nombreux édifices s'élevaient.

Devant les difficultés que Wilbert - premier prieur connu - avait à s'imposer en face de la famille de Faucigny, Guy confirma la donation de Contamine aux Clunisiens, le 2 septembre 1119.
La vie de couvent des Clunisiens comprenait de longs offices chantés pendant la nuit surtout, la transcription des auteurs sacrés et différents travaux comme la confection des hosties, la reliure des livres.

L'abstinence était de rigueur.

Au prieuré "Sainte Marie" de Contamine, les moines avaient en charge le ministère paroissial tenu par deux des leurs, qui recevaient annuellement treize chevallées de vin blanc, treize mesures de froment et une somme de 20 florins 10 sols.

Les moines entretenaient leur domaine et cultivaient jardin et vigne, recevaient des prébendes en blé, vin, etc.
Ils avaient l'obligation de l'aumône générale appelée "Les Pattins", soit quarante deux pots de vin, trois quarts de froment et dix sols et demi à chaque accouchée habitant dans les limites de la paroisse (comprenant l'actuelle commune de Contamine et une partie de La Côte d'Hyot, jusqu'au Nant rouge).
L'autre aumône consistait en pains et fromages pendant quatorze jours dans l'année (visite pastorale du 5 septembre 1580 - 2 Mi 75, A.D.H.S.)

D'après les comptes-rendus des visites dans les prieurés clunisiens publiés par "Mémoires et Documents de l'Académie Salèsienne" n° 27 – 1904, la situation spirituelle et temporelle était satisfaisante. En 1297, le prieur de Contamine méritait même d'être cité pour ses bienfaits. On signale cependant quelques cas de nicolaïsme, notamment en 1261 et 1266 à Contamine. En 1313, les guerres empêchèrent la visite de certaines maisons, dont celle qui nous intéresse. En 1327, le prieuré dû acheter du vin et du blé avant de subir la tempête, la sécheresse et la guerre. Les comptes présentaient une dette de 222 livres. En 1331, le prieur dénonçait "la fiscalité pontificale, les intempéries, les guerres et l'oppression des seigneurs".Durant le 12° siècle, l'exploitation de terres nouvelles, l'administration d'églises furent confiées aux moines de Contamine : Val des Gets, Thyez sur Arve, Chatillon, Bonneville, Saint Nicolas de Véroce, Boëge.

Nous ne connaissons pas l'emplacement précis de cette église et de ce premier couvent. C'est là que dorment peut-être encore les restes des sires de Faucigny. En 1862, le prince de Faucigny-Lucinge fit exécuter des fouilles dans l'ancien cimetière et dans l'église actuelle, sans résultat. Or, plusieurs dalles ayant été trouvées dans le verger à 20 mètres au-dessus de la grange des Pères font présumer que c'est ici le véritable emplacement du monastère primitif.

Par son testament du 16 novembre 1262, Agnès de Faucigny épouse du comte de Savoie Pierre II dit le Petit Charlemagne, déclarait être ensevelie dans l'église où "sont ensevelis son père, ses aïeux et prédécesseurs".

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