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| | Les relations entre la Savoie et l'Angleterre_1 | | | | |
Au temps où émerge la dynastie de Humbert aux Blanches Mains, existent des affinités entre montagnards des deux côtés des Alpes et l'Angleterre.
L'importance des régions alpines était bien connue des rois anglais dès 1027, année où Rodolphe III de Bourgogne, dont les terres comprenant la Savoie entreront en 1032 dans le Saint Empire, conclut un traité avec Cnut le Grand. Réunissant sous la même couronne l'Angleterre, le Danemark et la Norvège, c'est un des princes les plus puissants de son temps. En sa qualité de principal seigneur des pays alpins, Rodolphe III promettait la franchise des péages et la protection aux marchands et pèlerins anglais et danois qui traversaient les cols.
Après l'invasion de la Grande Bretagne par le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant (1066) et la formation d'un royaume anglo-normand, le nouvel état entre en conflit avec les Capétiens pour la prépondérance sur les terres françaises.
Henri II Plantagenêt (1154-1189), contemporain du Comte Humbert III, cherche à obtenir la caution morale du pape, autorité suprême qui donne leur légitimité aux monarques.
Pour atteindre ce but, il faut être présent à Rome et donner des preuves de zèle pour la religion.
Le franchissement des cols rend nécessaires les bonnes relations avec les princes savoyards, qui contrôlent la route la plus directe vers l'Italie.
C'est de cette stratégie que relève le projet de mariage entre Alice, fille aînée d'Humbert III et l'héritier anglais Jean, combinaison qui, si elle n'avait pas échouée par la mort de la princesse, eût installé les Anglais sur les Alpes, à l'instar de ce qui adviendra en France où, au milieu du XII°siècle : la moitié du territoire (Normandie, Anjou, Maine, Guyenne et Gascogne) était, par ce jeu des mariages et des successions, tombée aux mains d'Henri II Plantagenêt.
Pour les princes savoyards, le désir d'un appui britannique, contrepoids à la France et à l'Empire va devenir une constante politique au XIII°siècle.
L'âge d'or des relations entre les Blanches Mains et les souverains britanniques connaît son apogée au XIII° siècle.
Après le laborieux règne d'Humbert III, son tardif héritier Thomas, véritable enfant du miracle, inaugure une période ascendante de la dynastie qui culminera, au milieu du XV° siècle, avec Amédée VIII.
Véritable grand père de l'Europe, ce prolifique souverain se verra gratifier, dans certains ouvrages comme l'Armorial de Foras de dix-huit enfants nés de son mariage avec Béatrix, fille du comte Guillaume de Genève, sans compter les illégitimes. Les médiévistes ont mis un peu de clarté dans cette descendance qui n'en demeure pas moins copieuse et qui s'établira aux quatre coins du continent, au gré des intrigues politico matrimoniales du souverain.
Trois fils de Thomas 1er règneront sur la Savoie, se succédant sur le trône aux milieu de complexes compétitions pour la succession :
Amédée IV qui règne de 1233 à 1253,
Pierre II (1263-1268), époux d'Agnès de Faucigny,
Philippe 1er (1268-1280).
Les autres fils sont :
Humbert, que l'on dit mort en guerroyant contre les Prussiens au service du souverain russe de Moscovie,
Aimon, comte de Chablais,
Deux prélats établis Outre-manche que nous allons retrouver.
Quant aux filles :
Marguerite épouse le puissant seigneur alémanique Hermann de Kybourg,
Béatrice prend pour mari Raymond Bérenger IV comte de Provence.
Dans sa politique d'encerclement du domaine du roi de France, Henri III Plantagenêt (1216-1272) pousse ses pions vers le sud de l'Hexagone en épousant, en 1236, Eléonore, seconde fille de Bérenger de Provence et petite fille de Thomas de Savoie. La future épouse est conduite à Londres par son oncle Guillaume, à la tête d'une escorte de chevaliers savoyards.
Ce Guillaume est un singulier personnage, à la fois évêque de Valence et valeureux guerrier.
Henri III, qui a besoin d'une aide étrangère pour imposer son autorité à la noblesse anglaise hostile, incite Guillaume de Savoie à demeurer auprès de lui. Il le dote de vastes fiefs et le comble de donations. Le prélat soldat, devenu l'un des conseillers les plus écoutés du roi sera fait évêque de Winchester où il décèdera en 1239.
Le mariage d'Eléonore faisait des fils de Thomas 1er, les oncles par alliance du roi d'Angleterre. Les Savoyards vont exploiter cette parenté. Lorsqu'il succède à son père en 1253, Amédée V est aux prises avec de graves difficultés financières. Il recherche du renfort contre les turbulents vassaux qui contestent ses domaines et fait hommage à Henri III, moyennant une grosse somme d'argent.
Les frères d'Amédée IV prennent le chemin de l'Angleterre. Philippe y obtient des bénéfices et des charges qu'il conserve lorsqu'il est élu évêque de Lyon avant de monter sur le trône savoyard où il demeurera de 1268 à 1280.
Il sera suivi par Boniface, le bienheureux évêque de Canterbury.
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