Elle coule depuis des millénaires sur 107 kilomètres, depuis sa naissance au Col de Balme, à 2191 mètres d'altitude jusqu'à la fin de son existence à Genève dans les eaux du Rhône, cependant sans se confondre de suite, gardant pendant 800 mètres la teinte de ses eaux dont le gris cendré hésite à se mêler au bleu-vert de celles du fleuve.
Parfois, les crues subites et considérables de la rivière alpine, refluèrent dans le lit du Rhône et l'obligèrent à remonter contre le Léman, faisant tourner à contre sens les roues des moulins.
Plutôt torrent lorsqu'elle descend la partie haute de la vallée, bouillonnant, écumant ses eaux tumultueuses, plutôt rivière dans sa partie basse, engrossée de ses enfants : l'Arveiron, le Bonnant, la Sallanche, le Giffre, le Borne, le Bronze…gros ruisseaux de glaciers ou de montagne.
Tantôt mâle, tantôt femelle, l'Arve reçoit à Contamine des nants tels le Samsons, le Perzière, la Courbatière, le Collachon…
Autrefois, les nautoniers munis de leurs longues rames, répondant aux appels de "Oh ! Pacheu! " bravaient les eaux troubles de l'Arve, pour transporter les voyageurs sur l'autre rive.
Maints Contaminois perdirent la vie en voulant traverser ou simplement se baigner dans ses eaux traîtresses.
Jean de Sales, noble aïeul de Saint François de Sales, s'accrochant à la queue de son cheval qui se débattait lui aussi, au milieu des flots grossis par des pluies diluviennes, reçut un coup de pied de ce dernier et expira sur la rive droite, à Contamine le 21 septembre 1558.
Lorsque la sécheresse sévissait provoquant l'abaissement du niveau d'eau, nos anciens puisaient le précieux liquide dans la rivière et le laissaient reposer dans les puits avant de le boire.
L'Arve a causé bien des tracas aux communautés riveraines. Outre les inondations, le transport de grumes par flottage accélérait l'érosion et endommageait les terres.
En 1750, l'Intendant du Faucigny enjoint les Contaminois à trouver 96 peupliers pour construire des digues.
En 1768, la paroisse de Scientrier conteste la décision des Pères Barnabites, de faire construire des digues, ce qui dévie le cours de la rivière.
En 1772, sept cents "moules" de bois traversent la province sur des barges, pour le chauffage de la ville de Genève…
En 1778, on transporte le bois nécessaire à la construction de l'église de Carouge.
Grâce, notamment à Victor Amédée et Charles Félix de Savoie, le rebelle est enfin dompté.
Mais l'Arve (surtout l'Arveiron) c'était aussi le domaine des orpailleurs jusqu'à la "Grande Guerre". On y rencontre une faune et une flore exceptionnelles. C'est également l'hydro-électricité, le décolletage…
Plus près de nous, l'Arve a subi des pollutions, des extractions massives de matériaux dans son lit, surtout pour la construction des autoroutes…
Fort heureusement, 33 communes regroupées en syndicats se penchent sur sa santé depuis plus de dix ans.
On peut aussi se promener à pieds sur ses berges, le projet prévoyant un parcours pédestre de la source à l'embouchure de notre belle rivière.
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