Au nord du chef-lieu de Contamine-sur-Arve, à flanc de coteau, au-dessus du vignoble, dominant la route Annemasse-Bonneville, se dresse le château de Villy.
Les ¾ de la tour existant encore aujourd'hui (épaisseur des murs, environ 2 mètres) aurait été bâtie par Monseigneur Guy de Faucigny, en 1084.
Maison forte enfouie dans la verdure, relevant des sires de Faucigny, c'était une modeste gentilhommière composée d'un bâtiment rectangulaire de trois étages qui constituait toute la demeure.
Ayant fait fortune à Paris, Monsieur Emile Périllat, de souche contaminoise, l'acquiert en 1896.
Il le fait reconstruire de 1899 à 1902, dans le style des châteaux de la Loire, sous l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui. Il élève le corps principal d'un étage, en refait toutes les façades, l'embellit de larges fenêtres à meneaux et y installe de luxueux appartements avec des fenêtres de style. Il élève la tour sur une rangée de mâchicoulis et de meurtrières, ajoute la terrasse reposant sur un péristyle, le perron et une tourelle ronde adossée au donjon, recrée les toitures terminées par une crête et ornées de lucarnes.
La façade principale est orientée vers le levant, au bout d'une allée de platanes, et d'un chemin à flanc de coteau aujourd'hui désaffecté.
La visite des caves du 11ème siècle, prouve que la restauration a respecté scrupuleusement les plans et travaux primitifs.
La tour appartient à la noble famille de Villy ou Villier jusqu'à la fin du 14ème siècle où Jeannette, fille de noble Mermet de Villy l'apporte en dot à son époux Jean Vidomne de Chaumont. La famille possèdera le château jusqu'à la fin du 18ème.
De Jean Vidomne de Chaumont, la demeure passe à son fils Pierre (alias Petremand) qui le transmet à son deuxième fils Philibert, qui teste en faveur de son fils Amblard. Leur fils aîné, Charles de Vidomne de Chaumont lègue, par son testament du 11 mars 1596, le domaine à son fils Jean-Claude, conseiller d'état de S.A.R., premier gentilhomme de la Chambre du duc de Nemours, grand-maître de l'artillerie de Savoie, Chambellan, ambassadeur extraordinaire en Suisse, seigneur de Villy et de Charmoisy.
Jean Claude épouse le 11 juillet 1600, Demoiselle Louise de Chastel.
A sa venue en Savoie, Louise de Chastel prend François de Sales, cousin de son mari, comme directeur spirituel. Celui-ci a une grande amitié et presque de la vénération pour celle qu'il appelle "Philothée". Pour l'aider à supporter la mort subite de son époux, il lui écrit des lettres sublimes qui, réunies ont formées le chef d'œuvre du 17ème siècle "Introduction à la vie dévote".
Saint François de Sales aurait souvent dit la messe dans la petite chapelle de Villy qui subsiste encore aujourd'hui au premier étage de la tour.
Voulant donner le domaine de Villy à son fils Henry, Jean Claude de Vidomne, le fait agrandir et sa mère lui achète la baronnie de Couvette et de Bonne.
Louise de Chastel, dame de Villy et Charmoisy teste à Villy le 10 février 1643, nommant son fils Henry héritier universel. Elle décède en ce lieu le 1er juin 1645.
Henry épouse en février 1626 Jeanne Michelle de la Faverge. Leur fille Catherine épouse en deuxièmes noces Victor Aimé de Maréchal-Duyn de la Val d'Isère en 1659 et décède à Thonon en 1702. Leur fille Christine épouse le marquis Joseph de Sales, petit neveu de Saint François en 1672, apportant Villy en dot à son mari.
Tué d'un coup de canon au siège de Toulouse in intestat, le domaine passe aux mains de leur fils le Marquis Paul François de Sales en 1721.
Paul François de Sales figure sur la liste des émigrés du 27 fructidor an II et meurt à Turin le 6 février 1795.
C'est avec lui, que les communautés transigent le prix de leurs affranchissements, le 20 avril 1791.
Le 3 juillet 1791, le Marquis vend ses biens à Monsieur Claude François Vuy.
En 1826, le domaine de Villy devient la propriété de François Auguste Chatrier.
Stéphanie sa fille, épouse en 1843Joseph François Jacquier. Celui-ci avocat, officier de l'Ordre des Saints Maurice et Lazare, député au Parlement Sarde, tient le devant de la scène politique dans le Faucigny. On lui doit notamment, l'idée de la grande zone franche. Il décède le 30 septembre 1876 à Contamine.
En 1896, le château de Villy est acheté par Emile Périllat, administrateur des Magasins Bon Marché à Paris.
Après avoir très souvent résidé en ce lieu, la veuve de Emile Périllat le vend en janvier 1936 à Madame Marie-Thérèse Bailly, veuve de Charles Strittmater.
La ville de Villefranche-sur-Saône en fait l'acquisition en 1954 et l'utilise comme centre de vacances.
Propriété de la commune depuis 1993, il en devient le centre culturel.
Dominant la vallée, construit sur un site splendide, magnifiquement arboré, il est un lieu idéal de promenade, de rêverie, et de rencontre pour le village et les communes voisines.
Sources :
Christian Regat, François Aubert – châteaux de Haute-Savoie.
Baron Chaulin – Notice sur Villy et Mme de Charmoisy, décédée à Villy en 1645.
Mugnier – St François de Sales, Mémoires Documents, Académie Savoisienne 1885.
Tabellion Bonneville 1791 vol. 2 folio 660.