Selon les régions de Savoie, on nommait ce petit grenier miniature greni, guerni, granier, raccar ou raker.
Isolé, mais avoisinant l'habitation principale, de trois ou quatre mètres de coté, élevé sur un soubassement de pierres ou de bois, il était construit en madriers de sapin posés horizontalement et assemblés aux extrémités selon une technique appelée "à queue d'aronde".
Cette bâtisse était fermée au moyen d'une porte épaisse cintrée et d'une énorme serrure.
Pour entrer, souvent, on devait se baisser légèrement. Cette porte traditionnelle au fronton arrondi permettait de passer facilement avec les sacs remplis de grains portés à dos d'homme.
Le grenier peut être simple à un niveau, double en hauteur ou côte à côte, sous un même toit en tuiles ou en ardoises, quelquefois accolé à un bâtiment annexe.
Fréquemment il surmonte une cave voûtée à demi enterrée où se maintenaient à une température égale les fûts de vin, de cidre ou la réserve de pommes de terre ou autres légumes.
La crainte de l'incendie paraissait une des principales raisons d'être du grenier isolé, s'accompagnait d'un autre souci, celui de l'humidité. Ses épaisses parois d'un bois de qualité, ordinairement doublées, maintenaient le contenu à l'abri des rongeurs.
Le grenier renfermait les biens précieux de la famille : semences de seigle, d'orge, d'avoine, de blé, provisions alimentaires, jambons, saucissons, "habits du dimanche", bijoux…
Le grenier savoyard présente une particularité originale : dans les actes notariés, il était considéré comme bien mobilier et non immobilier.
Aujourd'hui, on assiste à la disparition progressive de ce type ancien d'habitat.
A Contamine-sur-Arve, il ne reste qu'une quinzaine de ces anciens greniers de plain-pied. Beaucoup subsistent dans les communes avoisinantes et leurs propriétaires sont fiers de posséder ces témoins de la vie de nos ancêtres.
Textes et photos Andrée Blanc